Gary Hill, Guilt : Le desir d'or efface t'il l'image de la douleur?

 

 

L'artiste:

 

Gary Hill s’intéresse essentiellement aux formes abstraites de vidéo et estime fondamental de déconstruire la vidéo sur tous les plans possibles, afin d’articuler un langage électronique propre au médium. Hill se penche surtout sur les relations images-sons. Cependant, à la différence des Vasulka et de Paik, il développe son vocabulaire électronique en fonction de systèmes de langage.

 

Gary Hill s’intéresse essentiellement aux formes abstraites de vidéo et estime fondamental de déconstruire la vidéo sur tous les plans possibles, afin d’articuler un langage électronique propre au médium. Hill se penche surtout sur les relations images-sons. Cependant, à la différence des Vasulka et de Paik, il développe son vocabulaire électronique en fonction de systèmes de langage. Dès les années 1970, Hill travaille avec la vidéo et utilise le processeur de balayage Rutt/Etra ainsi que le synthétiseur vidéo électronique d’Eric Siegel; il cherche à s’éloigner des types photographiques d’images et à créer de nouvelles formes en recombinant des éléments dissociés (texte, image et langage).

 

Guilt:

 

Entrer dans la galerie sombre, le spectateur est confronté à une projection au mur grandeur nature d'un aigle générée par ordinateur piégé, à l'exception de ses ailes, à l'intérieur de l'échafaudage triangulaire d'une antenne radio.

Sur cette oeuvre, des pièces sont posées sur la tranche et placées dans l’axe de puissants télescopes, uniques points d’où le spectateur peut entendre les insultes et les cris proférés par l’artiste. Le spectateur, à travers le télescope, observe le visage agonisant de l’artiste à distance, tout en étant conscient que le télescope est pointé sur l’or.

 

Le titre Guilt (culpabilité) peut se lire comme un commentaire politique (honte d'être américain ?) ou religieux, mais aussi comme une autocritique. Il semble caricaturer de façon acerbe sa position d'auteur (l'homme battu et humilié des pièces d'or serait alors un ecce homo, le Christ aux outrages) et semble aussi parodier sa pratique du texte qui critique l'image ou la redouble, comme il l'a beaucoup fait.
On peut sans doute y voir une réflexion sur le statut de l'artiste et sur la légitimité de sa parole. Son visage est le point de fuite de l'œuvre, le centre de l'univers, il s'affiche comme l'empereur pillant les symboles et les cultures du passé (Rome, la lunette de l'âge des Lumières, les pyramides sur lesquelles elles sont posées). Une bien étrange mise en scène, qui, associée aux coups de fouets de Frustrum enfonce le clou d'un masochisme joyeux mais troublant.

Un double sens, caractéristique de l’œuvre de Gary Hill prend forme : le désir d’or efface-t-il l’image de la torture ? Ou bien l’image de douleur nous fait-elle perdre toute envie d’or ?

 

 

Hebras Alix

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